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Techniques de base
par Morihiro SAITO Sensei
1ere partie
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Tiré de la version française du
Volume 1 de la nouvelle série de livres Takemusu Aikido écrite par Saito Sensei en collaboration avec
Stanley Pranin. (Traduction française :
Daniel Toutain et Patrick Durand - Edition
Budo Concept).
Reproduit ici avec l'autorisation spéciale de :
© Stanley Pranin -Aiki News- et
Budo Concept. |
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| L'importance des
techniques de base | | | On ne saurait trop insister sur l'importance d'une solide
compréhension des techniques de base. Beaucoup d'écoles
d'aïkido enseignent d'abord le ki no nagare, ou techniques fluides.
Dans ce type d'entraînement, les techniques sont exécutées
dans le mouvement, ignorant totalement la pratique de base dans laquelle on se
laisse saisir fermement. Ce genre de pratique pré-arrangée ne
réussit que si les deux partenaires coopèrent
complètement. Cependant, des problèmes apparaissent lorsque des
élèves habitués uniquement à cette sorte de
pratique se trouvent confrontés à un adversaire fort qui refuse
de coopérer. La pratique du seul ki no nagare ne permet pas
d'être préparé à la puissance et à la
détermination d'une attaque réelle. Les attaques typiques de
cette pratique sont faibles, mal dirigées, et sont monnaie courante dans
l'aïkido moderne. Pourtant, cette méthode va directement à
l'encontre des principes martiaux enseignés par le fondateur.
Ceux qui pratiquent les techniques de base, au lieu de se concentrer
exclusivement sur le ki no nagare, apprennent à réagir sur
des attaques de plus en plus fortes. Pour atteindre ce but, les pratiquants
doivent veiller à saisir leur partenaire fermement et avec
sincérité. S'il ne peut pas bouger, il faut alors diminuer la
puissance de l'attaque jusqu'à ce qu'il puisse exécuter une
technique convenable. Il faut toujours adapter l'intensité de l'attaque
au niveau du partenaire.
| La position Hanmi | | |
Dans la pratique de
base, toutes les techniques commencent à partir de la position hanmi, ou
position triangulaire. En aïkido, dans la position hanmi, le pied
avant est dirigé vers l'avant et le pied arrière est
dirigé vers le côté, perpendiculairement au premier. Un
hanmi correct permet de bien tourner les hanches et de changer rapidement de
position tout en restant stable.
Les deux positions les plus communes sont gyaku hanmi (position
contraire) et ai hanmi (position identique). Dans gyaku hanmi,
les deux partenaires ont le pied opposé, droit pour l'un, gauche pour
l'autre, placé devant. Dans ai hanmi, ils ont tous les deux le
même pied, droit ou gauche, avancé. Cette distinction est
très importante car, dans la plupart des cas, le fait d'adopter le bon
hanmi est déterminant pour réussir à
exécuter les techniques.
| Les Atemi | | |
Le manque de pratique des
atemi, ou frappes aux point vitaux, est une lacune largement
répandue dans l'entraînement d'aujourd'hui. Les atemi sont
utilisés pour affaiblir ou neutraliser l'attaque d'un adversaire afin de
créer la condition favorable à l'exécution d'une
technique. Il existe de nombreuses situations dans lesquelles il est
pratiquement impossible de déséquilibrer suffisamment un
adversaire puissant pour lui appliquer une technique si on n'a pas recours
à l'atemi. Ceux qui affirment que l'utilisation de tels coups
destinés à faire diversion est trop violente, ou est contraire
à " l'esprit de l'aïkido ", ignorent les
fondements mêmes de l'aïkido du fondateur, qui a beaucoup
insisté sur leur nécessité dans l'entraînement. Les
atemi constituent une part essentielle des techniques de base et des techniques
avancées, et ne doivent pas être omis dans la pratique.
| Tai no henko et Kokyuho | | |
Le fondateur commençait
toujours les séances d'entraînement par les exercices
tai no henko et morotedori kokyuho. Il terminait
chaque entraînement par suwari waza kokyuho. Tai no
henko constitue la base des mouvements ura, ou mouvements tournants, et les
deux kokyuho, ou méthodes respiratoires, enseignent la
respiration correcte, la coordination juste du corps, et la manière
d'étendre puissamment le ki.
Dans l'apprentissage de l'aïkido, on ouvre la main pour étendre le
ki à travers le bras. Ecarter les doigts est le moyen d'apprendre
les techniques de base, une forme d'entraînement qui permet
d'exécuter les mouvements sans utiliser aucune force. Ecarter les doigts
lorsque le poignet est saisi de façon soudaine le rend plus dense et
donne un avantage. Les personnes qui étudient la self-défense
apprennent à ouvrir la main quand ils sont saisis parce que le bras
devient alors plus difficile à tenir. Le ki est quelque chose qui
s'acquiert naturellement à travers la pratique correcte des bases. Si on
se tracasse trop à son sujet, on se trouvera soi-même dans
l'incapacité de bouger. Le ki se développe naturellement
avec un entraînement correct. Une fois le ki
développé, il circule librement à travers les mains,
même si les doigts sont relâchés.
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Le fondateur considérait les
techniques de ikkyo jusqu'à sankyo comme des mouvements
préparatoires à l'aïkido. Dans ikkyo, le corps se
fortifie ; dans nikyo, le poignet est plié vers
l'intérieur pour stimuler et renforcer l'articulation ; dans
sankyo, le poignet est tordu dans le sens contraire, vers
l'extérieur. A travers la pratique de ces techniques, on
développe un corps suffisamment fort pour vaincre un ennemi d'un seul
coup. Ces techniques de base constituent une préparation.
L'entraînement aux techniques de l'aïkido débute par elles.
Un autre élément essentiel de l'entraînement aux bases de
l'aïkido est la maîtrise des mouvements en entrant (omote) et
en tournant (ura). Si on décide d'avancer, il faut le faire
totalement. Si on décide de pivoter sur l'arrière, on doit le
faire complètement. Il est difficile d'avancer après avoir
paré un coup, à moins d'avoir un avantage physique. Ainsi, on
pivote chaque fois que cela est nécessaire, comme on le fait quand on
est incapable de bloquer une attaque. Lorsque on est attaqué par
derrière, on doit pivoter. La pratique des techniques en tournant est
également indispensable pour apprendre à se déplacer
librement.
| Takemusu
Aiki | | | Ces derniers temps, le terme takemusu aiki a
été largement employé, mais il semble que peu de gens en
comprennent la signification. Takemusu aiki fait référence
à un état où les techniques jaillissent sans fin,
résultat de l'étude des principes de l'aïkido.
Dans l'entraînement de l'aïkido, qui inclut les techniques à
mains nues ainsi que l'aïki ken et l'aïki jo,
il est important de faire nettement certaines distinctions. Ainsi, on doit
établir la distinction entre ikkyo et nikyo, entre
omoteet ura, entre les techniques de base et les techniques en
ki no nagare, ainsi qu'entre les niveaux progressifs
d'entraînement. On doit également faire la distinction entre
l'étude des techniques de même groupe et l'étude des
applications (oyowaza).
Lors d'un récent voyage en Italie, j'ai essayé de faire autant de
techniques que je le pouvais. En me concentrant uniquement sur les techniques
de base, les techniques en ki no nagare, les variantes et les
applications, j'ai réussi à en faire plus de quatre cents. Je
suis sûr que ce nombre aurait atteint plus de six cents si j'y avais
inclus les techniques à genoux, les techniques en hanmihandachi
(attaquant debout, défendant à genoux) et les contre-techniques.
Aussi brillants soient leurs écrits à propos de takemusu
aikido, les personnes qui les rédigent doivent avant tout être
capables d'exécuter elles-mêmes ces prodigieuses techniques pour
être des enseignants crédibles. C'est en continuant à
pratiquer assidûment selon la méthode traditionnelle qu'on atteint
le niveau où il est possible d'exécuter un nombre illimité
de techniques d'aïkido, depuis les techniques de base jusqu'aux plus
avancées.
Les photographies on été prises à
l'AïkiDojo de Rennes - Avril 2001.
Daniel Toutain - Uke: Eric Savalli, Jean-Louis Boulard
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